Déjà 5 jours ici que nous sommes ici ! Nous ne sommes pas retournés au batey. D’abord, il a fallu faire quelques courses, régler quelques petites choses par ici et tout prend énormément -que dis-je énoooooooooooooooooooooooormément!- de temps (ou est-ce moi qui suis trop pressée?) Et puis, il faut s’accorder quelques moments de réflexion….
C’est ce que je fais depuis quelques jours. La « mère » se pose des questions. Dois-je poursuivre au batey? Dois-je insister auprès de mes enfants pour aller au batey? Dois-je attendre qu’ils me le demandent? Dois-je laisser tomber?
Stop? Ou encore?
La première expérience au batey a suscité de vives réactions chez ma fille surtout . Elle vit de la colère, de la révolte, remet les vacances en question, souhaite retourner illico à Montréal et mène la vie dure à sa mère.
Personnalité explosive au départ + crise d’adolescence + choc culturel = Bombe à la puissance 12!!!!
Dans la vie de tous les jours, ma fille, qui a un cœur d’or, est aussi mon enfant la plus sensible. Elle réagit à l’injustice sociale, à la pauvreté, à la discrimination… Tout cela la révolte. Elle n’accepte pas. Avant notre arrivée, c’était mon enfant la plus motivée par ce projet. Elle allait changer le monde ma belle grande fille!
Et elle a vu la réalité! Et elle a vu combien la misère est grande! Et comme elle aimerait, au fond d’elle-même, avoir une baguette magique et changer ce batey en paradis… Comme elle aimerait avoir ce pouvoir-là, ma belle adolescente!
Confrontée à une nouvelle réalité, confrontée à ses limites, elle ne sait pas encore bien identifier ces nouveaux sentiments qui émergent en elle et elle éprouve aussi beaucoup de difficulté à les gérer. Elle n’est pas prête à parler. Elle accuse. Elle accuse la mère (moi) de lui faire vivre de telles vacances! Et moi, que voulez-vous je réagis en mère!!!!
Comment ça réagit une mère me demandez-vous? Tout d’abord en se sentant coupable…. Là, je ne vous apprends rien, n’est-ce pas? (Clin d’œil à toutes les mères autour de moi!!!) Mais une fois, cette culpabilité (et cette peine) passées, je réfléchis, j’essaie de comprendre….
Je suis profondément convaincue de la pertinence de cette aventure. Je sais comment se vit le choc culturel. (Je l’ai vécu à de nombreuses reprises.) et je dois maintenant « doser » les événements pour aider mes enfants à passer au travers…. Mes enfants ne sont pas rendus au même point que moi dans leur expérience du voyage et malgré leurs grandes capacités d’adaptation et leur bonne volonté, ça reste des enfants, des adolescents dans ce cas-ci. Ils ont besoin de temps pour gérer toute cette nouveauté et de compréhension.
Quant à mes garçons, ils expriment beaucoup moins fort leur choc (Ouf!!!) mais ils le vivent aussi, plus silencieusement, plus solidairement aussi. J’en suis consciente.
Je suis prête à accorder ce temps à mes enfants et à les soutenir. Après tout, je suis la maman! Et j’aime mon rôle, vous le savez!
Bonne soirée!